Bonjour Lina, pourriez-vous nous raconter comment l'idée des Ateliers Lina Khei est née et ce qui vous a motivée à lancer ce projet en pleine pandémie?
Ce projet est né d’un concours de circonstances. En pleine pandémie, j’ai constaté un besoin fondamental qui n’était pas encore comblé à l’époque : celui d’un espace dédié à l’innovation artistique et culturelle, un incubateur capable de proposer des projets personnalisés pour une grande diversité de publics et de partenaires. Les Ateliers Lina Khei sont ainsi devenus un lieu où la création artistique sous toutes ses formes se met au service de l'ouverture culturelle, permettant de répondre aux attentes spécifiques des différents acteurs sociaux, éducatifs et culturels. Cela m’a motivée à développer une structure agile, capable d’accompagner ces besoins tout en offrant des solutions créatives et impactantes.
Le programme A.C.I. semble avoir un impact significatif sur les jeunes créateurs. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ce programme se distingue des autres approches éducatives traditionnelles?
Le programme A.C.I. se positionne comme la solution qui répond aux aspirations et besoins des nouvelles générations. Contrairement aux approches éducatives classiques, il ne se contente pas d’apporter des connaissances théoriques. C’est un véritable complément au système conventionnel, offrant aux jeunes une plateforme d’apprentissage et d’émancipation personnelle et professionnelle à travers la création artistique et l'ouverure culturelle . Notre programme inverse cette logique classique du professeur enseignant : il confère aux jeunes un statut direct, concret et palpable pour leur avenir, leur permettant d’acquérir des compétences qu'ils peuvent immédiatement valoriser dans leur parcours créatif et professionnel.
Fathi Attig et Halim Dzano, deux jeunes designers de 15 ans, présenteront leurs créations à la Paris Fashion Week. Comment ces jeunes ont-ils intégré les Ateliers Lina Khei, et quel a été leur parcours au sein du programme A.C.I.?
Nous avons rencontré Fathi et Halim lors d'ateliers intergénérationnels que nous avons animés en collaboration avec d'autres partenaires. Dès cette première expérience, ils ont montré un grand intérêt pour la création artistique et ont ensuite exprimé le souhait de poursuivre au sein de nos ateliers. Leur intégration au programme A.C.I. s'est faite naturellement, car ce programme est conçu pour s'adapter de manière entièrement personnalisée aux besoins de chaque jeune.
Le programme A.C.I. met en avant les singularités de chaque participant et les valorise à travers diverses formes de création. Fathi et Halim se sont rapidement investis et sont aujourd'hui des participants assidus. Leur parcours ne fait que commencer, et leur participation à la Paris Fashion Week est une première étape importante dans leur aventure artistique et professionnelle.
En plus de Fathi et Halim, nous avons également les trois jeunes modiste et couturière Malivia Truchet, Camille Bonilla et Marie Domenech avec EsperanceHat, qui feront partie de cet événement. Leur savoir-faire en couture et confection de chapeaux viendra compléter cette synergie collaborative entre mode, art et artisanat , renforçant l'impact du programme A.C.I. sur la scène internationale.
Vous mentionnez que l'enseignement artistique ne doit pas être un simple hobby mais un élément central du développement personnel et professionnel. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de la manière dont cela se traduit dans le quotidien des jeunes participants au programme?
Absolument. Au sein du programme A.C.I., l'art n'est pas seulement un loisir, mais un véritable levier de développement personnel et professionnel. Un exemple concret est l'encouragement des jeunes à prendre des responsabilités dès les premières étapes de leurs projets. Par exemple, Fathi Attig et Halim Dzano ne se limitent pas à la conception de leurs vêtements : ils sont également impliqués dans toute la gestion de leur marque, de la présentation lors d'événements prestigieux comme la Paris Fashion Week à la stratégie de communication.
Le programme leur ouvre également une conscience plus large des enjeux sociétaux et environnementaux, non seulement à travers la phase de conception de leurs créations, mais aussi dans l’apprentissage de l’utilisation de supports classiques et technologiques. Ils apprennent à développer des partenariats, à monter des projets de A à Z, à maîtriser la communication, tout en ayant une vision globale des problématiques du monde actuel. Ce sont des compétences concrètes, qui leur permettent non seulement de comprendre, mais aussi d’agir de manière proactive à travers leurs créations artistiques.
Un autre exemple est la Daous Corp, fondée par des jeunes de 14 ans dans le domaine de la deep tech. À travers ce projet, ils apprennent de manière concrète à évoluer dans des domaines pointus comme la création sur mesure de PC gamer, tout en développant leur compréhension des enjeux technologiques et environnementaux. Ils acquièrent ainsi des compétences transversales qui mêlent art, innovation et entrepreneuriat, ce qui les prépare à être des acteurs engagés dans la société.
La collaboration artistique entre vous et les jeunes créateurs à la Maison de l’Amérique Latine semble être une initiative très innovante. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette fusion entre art visuel et mode et ce que vous espérez accomplir avec cette performance?
En tant qu'artiste, j'ai l'habitude de créer des performances visuelles et des anamorphoses qui allient peinture et couture, avec une scénographie immersive qui rend les tableaux vivants. C'est un véritable jeu d'illusion où danseurs et tableaux se confondent harmonieusement. Pour cette collaboration, nous avons imaginé une fusion entre nos deux univers : les jeunes créateurs conçoivent une tenue signature de leur collection, et de mon côté, je crée le tableau qui s'intègre à cette pièce, offrant ainsi une parfaite anamorphose visuelle.
Camille, Malivia et Marie, grâce à leur savoir-faire technique exceptionnel, sont en charge de la confection de ces tenues. Très souvent, les designers sont mis en avant, mais les artisans qui réalisent ces créations restent dans l'ombre. Il me tient à cœur de valoriser leur travail et de les propulser eux aussi sur le devant de la scène. Cette performance est une opportunité unique de montrer à quel point leur investissement et leurs compétences techniques peuvent donner vie à nos idées les plus audacieuses. Nous espérons, avec cette performance, non seulement offrir une expérience artistique innovante, mais aussi sensibiliser le public à l’importance du travail artisanal derrière chaque création.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous avez été confrontée en implémentant le programme A.C.I., et comment avez-vous réussi à les surmonter?
L’un des plus grands défis a été de faire face à l’étroitesse d’esprit de certains adultes, notamment en ce qui concerne la place de l’art et de la créativité dans l’éducation. Nous avons surmonté ces obstacles en avançant concrètement, en mettant en place des actions tangibles et en prouvant par nos résultats. Les impacts du programme, qu’ils soient physiques ou analytiques, démontrent l’effet fulgurant qu’il a sur la jeunesse. Ces résultats parlent d’eux-mêmes et finissent par convaincre même les plus sceptiques. Notre conviction est que l’innovation et l’audace finiront toujours par trouver leur place.
Enfin, quelles sont vos ambitions pour le futur des Ateliers Lina Khei et du programme A.C.I. à la fois en France et à l'international?
En France, notre ambition est d’intégrer le programme A.C.I. à l’échelle nationale. Cette nouvelle méthode pédagogique, fondée sur la création artistique et l’ouverture culturelle, a pour objectif de former des citoyens engagés, épanouis socialement et professionnellement. Il est impératif que le programme A.C.I. devienne une habitude dans l’éducation, qu’il soit intégré dans toutes les écoles, collèges et lycées, mais également dans les institutions qui accompagnent la jeunesse. Grâce à ses dimensions d’apprentissage immersif et son maillage avec les entreprises locales, associations et autres acteurs de la société civile, A.C.I. doit devenir un pilier incontournable pour tout secteur qui s’intéresse à l’avenir des jeunes.
À l’international, je suis déjà en contact avec plusieurs acteurs grâce à mes projets artistiques personnels. Nous avons eu des parutions importantes dans des médias tels que le Khaleej Times à Dubaï, ainsi qu’au Canada, aux États-Unis, à Amsterdam, et bien d’autres encore. Le programme A.C.I. répond parfaitement aux dynamiques générationnelles actuelles, et je suis convaincue que les jeunes du monde entier s’approprieront cette approche. Nous voulons offrir cette méthode à l’international pour permettre à un maximum de jeunes de bénéficier de cette innovation pédagogique.